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after all this time, it's still you.

Spleen
DRAW CIRCLE

Spleen


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(musique du coeur) - And still after all this time, it’s still you.
quinze janvier 2023, 07:23

Les heures du matin se sont transformées en cauchemar, ces derniers jours. Chaque matin, Zahia quittait silencieusement la chambre, évitant avec la démarche de l’habitude les quatres lattes grinçant sous ses pieds, quand elle découvrait encore la maison, il y a plus d’une année. Elle était fatiguée, surmenée par la saison qui reprenait après le break hivernal et une joueuse réticente à entrer dans le rang, voilà ce qu’elle se disait. Pourtant, la nausée et les vomissements avaient le goût du déjà-vu, il y a vingt quatre ans. La chemise en coton épais posée sur ses épaules sans être fermée, laissant entrevoir la sueur perlant entre ses seins et la blancheur de sa peau, les mains encore crispées sur le tour des toilettes, la tête baissée, Zahia soupira longuement. Elle ne pouvait plus se mentir, ne pouvait plus mentir à Sebastian non plus : elle était forcément enceinte. Elle le sentait depuis une semaine, le savait dans toutes les parcelles de son corps. De deux doigts, la pie se débarrassa de ses cheveux qui avaient tant repoussés, dépassant aisément ses épaules, l’autre passant avec paresse sur sa paupière en soupirant, le dos voûté rejoignant le bord de la baignoire, frissonnant en sentant le froid de l’ivoire à travers le coton. La pie resta là un moment, fixant tantôt son attention sur une petite fissure dans la peinture, à droite du miroir en bois, tantôt sur le tapis devant elle, les longs poils entre les doigts, la patience quittant une à une chaque parcelle de son corps. Se penchant en avant, elle attrapa la montre de Sebastian sur la vasque, affichant sept heures passées. Il était peut-être déjà debout, quand bien même le dimanche étant une des rares journées les plus douces qu’ils s’accordaient.

Dans un nouveau soupir, la pie s’était redressée, remplaçant la montre à son exact endroit, fixant son reflet dans le miroir. Il fallait en avoir le cœur net, elle le savait. Dans une mécanique automatique, elle ouvrit les cabinets à la recherche de la potion qui l’intéressait, bien cachée au fin fond des fioles par ces mêmes gestes quelques jours auparavant, refusant néanmoins de faire les démarches à ce moment-là.

Quarante ans.
Quarante ans aujourd’hui, et une couleur verte indéniable, dans cette fiole après avoir fait le test. Quarante ans et enceinte. Quarante ans, mère d’une fille de vingt quatre ans, et enceinte. Quarante ans et mille et une raison qu’elle ne garde pas son bébé.

Son bébé, leur bébé,
Sebastian.

Le cœur de la pie s’emballa alors qu’elle reposait la fiole à côté de l’évier, les yeux fixés sur les ondes s’abattant à un rythme saccadé, victime du geste trop vif de la pie sur la pauvre fiole qui n’énonçait qu’une vérité. Un bruit dans la pièce d’à côté força Zahia à respirer longuement plusieurs fois, avant de se mouiller le visage, puis l’essuyer tout aussi rapidement dans la serviette pendue à l’arrière de la porte, avant d’enfin passer dans la grande pièce. Leur cottage était confortable, ni trop petit, ni trop grand, la cuisine étant le réel cœur de la maison, délaissant aisément le canapé pour les deux fauteuils sur le porche, derrière la baie vitrée. Vêtu d’un simple t-shirt blanc et d’un jogging qu’elle savait trop grand pour lui, tenu sur ses hanches par une ficelle abîmée par des années de services, Sebastian lui tournait le dos, affairé à démarrer la machine à café moldu qu’ils affectionnaient tant. Le regard de la pie glissa sur les tissus jusqu’à observer ses pieds, une chaussette rouge couplé à une verte sans daigner essayer de faire des paires dans son placard, ce qui continuait à la faire sourire, malgré les années. Les boucles noires tombaient sur son visage à la fois endormi et concentré, la voix encore enrouée “Would you like a coffee, dearest?” lui avait-il demandé sans se retourner. Ils évoluaient avec tant d’aisance, ensemble, maintenant que leurs gestes et leurs pensées s’étaient synchronisés.



“I’d love one, yes.” soupira t-elle en s’approchant silencieusement, enroulant ses ailes autour de lui, passant ses bras sous les siens pour pouvoir venir enserrer sa taille, la tête posée sur son omoplate. A peine les yeux fermés, les rouvrit-elle aussi sec en se rendant compte de ce qu'impliquerait le petit être dans son ventre “Actually, no. I’ll take a tea.” Contre elle, Zahia sentit les gestes de son homme se stopper quelques secondes, avant de reprendre l’art précieux de la préparation de son café. “Mhmh. Jasmin?” demanda t-il seulement, à quoi elle hocha la tête, refusant de le lâcher pour le moment.

Tout dans son attitude avait de quoi alerter son compagnon. Mettrait-il sa soudaine envie de contact physique et de plantes sur le compte de son anniversaire? Était-elle bouleversée par le coche de la quarantaine qu’elle feignait d'ignorer depuis trois mois ? Était-elle malade, d’où son teint pâle et sa mine fatiguée? Libéré de sa tâche, le cuisinier glissa une grande paume sur celle, recroquevillée sur son t-shirt, de sa compagne, caressant du pouce sa peau, immobile. Sebastian savait, quand agir et quand attendre, en sa présence. Il patienta le temps que le café ne coule, patienta encore alors que l’eau commençait à frémir sur le feu, et patienta davantage lorsqu’il essaya de se retourner pour la prendre dans ses bras et qu’elle refusa son pivot en se serrant plus encore dans son dos. “What’s wrong, Mo grá?”



Le coeur de Zahia battait la chamade alors qu’elle décrispait enfin ses doigts de son t-shirt, accompagnant le mouvement de Sebastian en laissant glisser ses mains sur le tissu. Elle se laissa attirer à lui avec un soupir discret, leurs deux corps appuyés contre le plan de travail alors qu’elle offrait enfin à son compagnon l’océan de ses émotions perdues dans la noirceur de ses pupilles. Pourtant, c’est d’une voix claire qu’elle offrit sa vérité au visage de Sebastian. C’est la pie, qui annonce. Celle qui crie sur le terrain avec aisance, celle qui carre les épaules pour se faire respecter, celle qui à dû gérer d’une poigne de fer frères et enfant dans son adolescence. C’est celle-ci, qui offre l’information, car il est bien plus facile de se blinder que de se laisser envahir de ses émotions. “I’m pregnant.”